[Roman court] Kill Shoot : Tueur à Gages

 Kill Shoot | Tueur à Gages


Au Royal Cord, la porte 188, comme toutes les autres portes, empêchait quiconque d'entendre les cris de la fille. Sur le mur un large écran diffusait un documentaire sur des gazelles. Ni l'un, ni l'autre n'y prêtaient attention. Un téléphone se mit à sonner. Il se figea et regarda le téléphone pendant un bon moment. La fille lui demanda d'un air surpris:

- Bruno, qu'est ce qu'il y a ? Il ne s'appelait pas Bruno.

- Rien, il faut que tu partes. Dit-il.

 - Quoi? Pourquoi ?

 - Poses pas de question. Habille toi et part. Et fais vite. 

 Elle n’eut pas besoin de répétition, sa voix n'était ni élevé ni menaçante, mais quelque chose était étrange avec cet homme et elle ne voulait pas en savoir d’avantage. Elle s'habilla et parti. Lui, il avait enfilé un t-shirt et s'était assis devant son ordinateur. À l’aide d'une combinaison de touche, il ouvrit un programme et y entra un mot de passe. Une autre interface apparu et une voix synthétisée se fit entendre, une voix féminine:

- Bonjour. Votre départ sera retardé, le temps de boucler une affaire. Cette fille -une photo s’afficha à l’écran- doit être escortée par nos agents pour un client. Elle sera accompagnée par cinq gardes et deux voitures -une autre photo s’afficha-. Elle passera par River East vers 21h, nos hommes doivent la prendre sur l'avenue trois, à proximité de la seizième rue. Vous devez immobiliser les véhicules et couvrir nos hommes. Ils auront besoin d'être en contact avec vous".

- Je travaille toujours seul, vous le savez. Qu’ils restent à couvert et attendent mon signal.

Son téléphone vibra aussitôt. Il reçut un sms de sa banque lui disant qu'un virement avait été effectué sur son compte. Il saisit une combinaison de touche et le programme se referma. Il se dirigea sur le lit et s'y laissa tomber. Il fixa le plafond et se dit en lui-même: «  c'est quoi cette vie ? ». Il resta allongé un moment puis, il se dirigea vers la salle de bain. Une heure après, il descendit une valise et y rangea tous ses effets. Il inspecta tous les recoins, placard et tiroirs pour s'assurer de n'avoir rien laissé. Il descendit, régla sa note, récupéra sa voiture et s'éloigna de l'hôtel.

Il roula sur deux dizaines de kilomètres et s'arrêta devant un luxueux bâtiment: The Rock Building. Ses boutiques de luxe, son casino, ses restaurants et bars attiraient un ras de marré de jeune femme en quête de fils à papa ou de sugar dadys. Il descendit de sa voiture et traversa un lot de fille qui le fouillait du regard, l'une d'elle tenta sa chance et vint se mettre dans son sillage, il l'a contourna comme si c'était un pilier du bâtiment. À la réception, il demanda une suite avec vue sur les montagnes. À peine avait-il été installé et qu'il fut seul, il écarta les rideaux d'une fenêtre et fut satisfait de cette suite. Il jeta un coup d'œil à sa montre, il était 19H45. Il s'étendit sur le canapé et saisit la télécommande. Mais il n'alluma pas la télé, il laissa tomber la télécommande et dirigea le regard vers le plafond en songeant à sa vie. Il se souvint de son adolescence, cette époque ou il avait à peine deux repas pauvres par jours, il rêvait de s'acheter un bateau pour y vivre et découvrir chaque semaine un nouveau paysage. Sa vie était difficile et il en voulait une autre. Il sourit à ces souvenirs lointains. Il voulait encore changer de vie, malgré tout cet argent et ses voyages aux quatre coins du monde. Il sentait un vide dans son existence. Il y a longtemps qu'il pensait tout plaquer et disparaitre. Il décida de partir après ce job. Il allait s'acheter un bateau et réaliser son rêve d'ado.

 Il se leva et alla vers la fenêtre pour la recouvrir. Il déplaça ensuite une table assez pratique pour écrire, jusqu'à deux mettre de la fenêtre la plus grande du salon. Il posa ensuite une chaise de sorte à regarder vers la fenêtre. Il se dirigea vers la chambre, saisit deux oreillers et les emmena sur la table au salon. Il traina ensuite sa valise dans la chambre, s'assit sur le lit et l'ouvrit. Il retira tout le contenu et démonta le fond de la valise pour en découvrir un autre fond. Il en sorti une mallette bien dissimulé et la posa sur le sol. Il posa ses genoux au sol, à la façon des japonais et ouvrit la mallette.

 Il sorti le fût et la boite culasse, il les emboîta et fixa le canon. Il sorti le poignet, l'emboîta et en fit de même avec la crosse. Il sorti une toute petite mallette plate et l'ouvrit. Il saisit la lunette de visée dans la petite mallette et alluma le petit écran qui se trouvait à l'intérieur. Il fixa la lunette sur le fusil et enfin il sorti un suppresseur acoustique équipé d'un cache flamme qu'il fixa. Il regagna le salon, s'assit sur la chaise et posa le fusil de précision et d'autres équipements sur la table. Il alluma la lunette et aussitôt toute la vision obtenue à partir de la lunette de visée s'afficha sur le petit écran de la mallette. Il se leva alluma la télé puis, il sélectionna une chaine pornographique. Il posa ensuite la télécommande sur la table et alla couvrir la télé avec un drap. Il coupa toutes les lumières, écarta les rideaux, ouvrit la fenêtre et un grand vent pénétra dans la pièce. Il s'installa confortablement sur la chaise en passant le bras gauche sous son arme et sur les oreillers. Il regarda à travers la lunette et chercha l'avenue trois et avant de l'avoir trouvé il tomba sur un petit bâtiment sur lequel flottait un drapeau. Il fixa le drapeau du regard un instant et il se dit : «  tous ces gadgets sont en train de me ramollir ». En effet il voyait tous les détails dont il avait besoin pour un tir parfait, « même un amateur pourrait faire mouche avec ça ». Mais lui, il n'était pas un amateur, et plus ses missions étaient difficile et dangereuses, plus elles étaient émotionnellement satisfaisantes pour lui. «  Truc de dingue, y a que toi pour aimer ce qui est moche », pensa-t-il. Il se leva et accéda à la chambre. Il revint sur sa chaise avec une lunette traditionnelle et un télémètre, il remplaça la lunette et pris le télémètre pour faire un balayage. Il repéra l'avenue trois et la seizième rue, le télémètre affichait 2800m. Il regarda sa montre, il était 20h56. Il augmenta le volume de la télé, alluma une cigarette et regarda à travers la lunette de son fusil. Il pointa la seizième rue et remonta l'avenue jusqu'à la neuvième rue, où ses cibles devaient arriver. 21H07, les voitures n'étaient toujours pas présentes. Il aperçut trois voitures entre la quatorzième et la dix-septième rue. Il comprit que c'étaient les hommes chargés d'exfiltrer la demoiselle. Il attendit vingt minutes de plus et finalement, deux suv se présentèrent ensemble. Il vérifia la plaque de la première: c'était bien eux. Ils progressaient vers la seizième. Il se fit une idée de leur vitesse. Les véhicules arrivaient presque d'en face, mais il avait une bonne vue sur leurs flan droit.

« Les gens sont patriotes dans le coin », dit-il en voyant d'autres drapeaux flottants sur les toits de quelques bâtiments dans son champs de vision. Il fit une autre estimation de la vitesse du premier véhicule, il observa un des drapeaux et il se fit une idée de la vitesse et de la direction du vent, puis il soutint fermement la crosse de son fusil contre son épaule droite avec la paume de la main gauche. Les voitures avaient déjà atteint la quinzième rue, il regarda un autre drapeau puis revint sur sa cible: la première voiture. Il visa le conducteur avec 2.5 points de plus à gauche. À cette distance la balle est toujours déviée dans la direction du vent qui souffle. Il inspira un bon coup, retint son souffle ensuite, il expira et appuya la gâchette.

Le projectile de calibre 50 sorti du canon avec un petit bruit sec camouflé par des gémissements provenant de la télé. Le recul enleva la lunette de ses yeux, mais il réussit à stabiliser l’arme juste à temps pour voir un morceau du parebrise s’arracher et le véhicule partir à presque 90° à gauche, dans le rail de sécurité. Il tira un autre coup, la balle se logea dans l’avant du deuxième véhicule produisant un nuage d’étincelle, puis, un troisième coup vint s’abattre dans le cercle du volant, transperçant mortellement le conducteur dans le bas du poumon droit et termina sa course dans le foie de l’homme assit juste derrière lui. Une autre balle frappa encore l’avant du véhicule qui s’immobilisa complètement après 30m de course, juste à quelques mètres du carrefour de la seizième, comme s’il respectait le feu qui venait de passer au rouge. Il tira deux coup de plus, tuant les hommes sorti de la première voiture, avant de recharger son fusil.

Il remarqua que les trois véhicules prêts pour l’exfiltration avaient tous décollé, il revint sur le deuxième véhicule. Il vit la fille sous la lumière de l’éclairage publique, il pouvait voir clairement le visage de la fille. Il pointa le viseur bien à gauche de la demoiselle et tira au moment où il la vit changer l’expression de son visage.

Dans la voiture, la jeune femme prise de panique avec deux hommes morts près d’elle, avec des blessures énormes. Elle ouvrit la portière dans l’intention de courir à toute jambe et crier à l’aide, mais dès qu’elle ouvrit la portière, la vitre vola en éclat, comme si elle était frappée par une pierre. Elle se figea dans son siège, le visage blanc de terreur.

Assis dans sa suite, derrière son fusil, un immense plaisir de vainqueur et une sensation d’accomplissement personnel l’envahit, et il se dit en lui-même « 20m ou 20000m, tempête ou pas tempête, aucune importance ! » Il tira un autre coup.

Assise dans la voiture la demoiselle regardait la portière, le cœur battant de peur elle voulait tenter sa chance, mais un violent coup se fit entendre, comme si une barre de fer venait de frapper la portière et instantanément, une marée d’étincelle jaillit de la portière et elle se rabattit comme si une personne l’avait poussé sans y mettre de la fermeté. Elle décida de rester dans la voiture, le message était clair.

Dans la suite de l’hôtel il voyait qu’il n’avait plus besoin d’en faire d’avantage, l’une des voitures de l’équipe d’extraction se garait tout près et des portières s’ouvrirent. Seuls quatre ou cinq sortirent de deux véhicule pour récupérer la fille et contempler « le chef d’œuvre », les autres ne s’en donnèrent pas la peine. Tout le boulot était déjà fait. Sous les yeux de quelques spectateurs impuissants, ils transportèrent la jeune femme dans leur véhicule et quittèrent les lieux en moins de deux minutes.

Pendant ce temps dans le confort de son hôtel, il scrutait les alentours de l’avenue trois derrière la lunette de son fusil pour repérer une éventuelle patrouille qui se dirigerai vers les lieux et il en trouva une, à environ un kilomètre et demie de la seizième rue. Il constata aussi que les extracteurs étaient déjà loin dans la direction opposé à celle de la patrouille de police. Il attendit que les extracteurs soient hors de sa vue et il annonça à haute voix : « mission complete ».

 Il baissa le son de la télé, se dirigea vers la fenêtre et voulu la refermer. L’air frais le fouetta et il posa le regard vers l’avenue trois, là où il venait d’abattre cinq hommes, il était finalement devenu tout ce qu’il redoutait. Il n’avait éprouvé la moindre sensation par rapport a ces hommes, c’était un peu comme s’il jouait à call of dutty. Il était homme à s’observer, à observer ses sentiments, ses pensées et faire constamment son auto-évaluation. Mais cette fois, il n’avait pas vu ce changement venir. Il se sentait déconnecté du caractère réel de ses opérations, maintenant c’était comme un simple jeu vidéo. Une partie de son être frissonna, seulement une partie. Il resta pensif pendant au moins un quart d’heure devant la fenêtre.

Il referma la fenêtre et tira les rideaux, saisi son arme et les autres équipements, puis les rangea soigneusement. Il ôta ses vêtements et s’étendit sur le lit « cette fois ci, c’est la fin. Ils vont appeler et me trouver un vol, demain à cette heure, je serai recherché, partout des agents seront là à m’attendre, imagines la traque. Qu’importe, ils ne me trouveront jamais, demain je serai libre. Libre de vivre une autre vie, encore une fois ».

Il se leva de bonne heure et demanda qu’on lui fasse monter des courses. Il se fit un repas qu’il dégpusta en pensant tout heureux « ça faisait longtemps que je n’avais pas aussi bien mangé ».  Son téléphone se mit à sonner et pour la première fois il n’était pas intrigué en voyant ce numéro. Il était tout simplement heureux. Il se leva et alluma son ordinateur puis à l’aide de combinaison de touche et d’un mot de passe, il se trouva face à une interface et la voix synthétisé annonça : « Bonjour. Vous avez réglé cette affaire à la perfection, un avion vous attendra ce soir. Bon voyage »

« Bon voyage ! Perfection ! Décidément, il y a du changement par ici », se dit il quand l’interface se ferma. Il ferma le programme puis termina son repas.

Il descendit se promener et fini par prendre sa voiture puis ne rentra qu’au coucher du soleil. Il se prépara et parti pour l’aéroport. Avant d’atteindre l’aéroport, il fit un détour, laissa sa voiture sur un parking et continua avec une autre voiture loué plus tôt dans la journée. Il laissa sa valise à double fond dans sa voiture sur le parking. Il arriva à l’aéroport et fila vers l’avion privé dans lequel il devait embarquer. Il trouva des personnes déjà installés à bord, il pensa que ces gens étaient surement des dirigeants de l’entreprise à qui appartenait le jet privé. Après quelques minutes, il se leva, sans éveiller l’attention et se dirigea vers les toilettes. 20 mn plus tard, il était à bord d’un taxi et contemplait l’avion privé dans lequel il était supposé se trouver. Soudain l’avion se transforma en boule de feu illuminant le ciel. Un vide, suivi d’une peur viscérale pénétra son âme, les paroles aussi banales que « perfection et bon voyage » prirent un sens et défilaient en boucle dans sa tête. Seulement cinq minutes après, il réalisa que le taxi s’était arrêté, comme beaucoup d’autre automobiliste et le conducteur était dehors, pleurant comme si c’était le vol d’un de ses proches.

Pour lui c’était une catastrophe, ses employeurs s’était retourné contre lui, mais c’était aussi mille portes de sorti vers la liberté.

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